Qui vient ? : AMAYAGA, sorcière des fibres peintes


Peux-tu te présenter et nous dévoiler le parcours qui t’as amenée à ton activité de teinture ?
Je fêterai au festival mes 33 ans cette année et j’ai la chance de vivre en Auvergne, ma terre natale, ce que j’apprécie d’autant plus que j’ai grandi et vécu plus de 20 ans à Paris.
J’ai toujours aimé créer de mes mains sans réellement trouver le mode d’expression qui m’apporte satisfaction : le résultat n’était souvent pas à la hauteur de ce que j’avais en tête.
Lorsque j’ai découvert sur internet un écheveau filé main, j’ai décidé d’aller à Felletin pour me procurer une de ces merveilles... Il n’y a eu qu’un pas à franchir pour que je commande un rouet et que j’essaie par moi-même.
Je pensais que la teinture n’était pas mon truc. Pourquoi teindre alors qu’il existe des laines teintes et des cardeuses ? Mais j’ai essayé. Et là, ce fut la révélation. J’avais enfin trouvé un moyen de transcrire les images, les couleurs, les mondes qui m’enchantent et qui dansent dans ma tête.




Mais ton activité ne se résume pas à la teinture. Tu prépares soigneusement tes fibres en faisant de magnifiques mélanges…
Je tiens à préciser que si je créé mes mélanges, j’en confie la réalisation à d’autres car je trouve plus agréable de teindre sur du ruban peigné que sur une nappe cardée. Et je ne suis pas équipée du matériel nécessaire pour réaliser le premier. On trouve généralement dans le commerce ou sur des plateformes comme Etsy des mélanges avec deux ou trois fibres.
Mais je suis une gourmande : ce n’est pas assez pour moi ! J’aime les alliances entre végétal et animal, entre doux et brillant, entre sauvage et docile... Cela fait donc un an que je m’amuse à tester les mélanges les plus fous, mêlant parfois jusqu’à 8 ingrédients. Étant fileuse et tricoteuse, je vois ce qui pèche ensuite et ajuste la composition.

On sent beaucoup de poésie dans tes créations. Quelles sont tes sources d’inspiration ?
En général, je commence par choisir mes couleurs. Je les associe, je les dilue, puis je les laisse parler en les plaçant sur mon ruban.
J’ai une prédisposition certaine pour les alliances avec le noir. Je trouve que, comme dans le cas du vitrail, cette couleur donne plus de profondeur aux autres.
J’essaie de sortir de mes obsessions, d’explorer des chemins nouveaux... Mais je dois reconnaître que je suis incapable de jouer avec moins de 3 couleurs. L’unité chromatique est mon pire cauchemar…



Quel avenir envisages-tu pour ta toute jeune activité de teinture ?
Pour être honnête, je ne voulais pas vendre. J’ai eu dans le passé une expérience en tant que commerçante qui s’est conclue par une liquidation judiciaire. Aujourd’hui encore, je rembourse le prêt d’une boutique qui n’existe plus… Alors retourner dans un système qui coûte plus qu’il ne rapporte, je n’en voyais pas l’intérêt. Aujourd’hui, je travaille dans une maison de retraite à mi-temps et cela m’apporte beaucoup sur le plan personnel.
Cependant, des amies fileuses m’ont fait comprendre que je réalisais des choses avec un style et une empreinte qui étaient bien à moi. Je n’ai pas l’ambition de vivre de ma passion. En revanche, celle-ci me coûte cher et je n’aurai jamais l’occasion de filer tout ce que je teins…
Je dois dire que j’adore voir mes mélanges se révéler différemment sous la patte d’une autre fileuse. Et quand je vois des yeux briller, des mains papouiller mes créations, je ressens une joie très addictive. Ce n’est pas juste une création qui décorera un intérieur, c’est quelque chose qui, au cours de plusieurs heures de filage, est susceptible d’apporter du plaisir, de l’émerveillement à une autre personne que moi. Puis dans un second temps, qui deviendra un fil et peut être un vêtement... C’est une transformation en plusieurs étapes, presque un bonheur communautaire.
J’utilise le terme de « Talisman de fibres peintes » sur mon blog parce que je mets toute ma passion, tout mon amour de la vie et de l’autre dans mes petites peintures, et je les regarde partir avec l’espoir qu’elles veillent sur les autres.

Tu es déjà venue au festival en tant que visiteuse. Qu’est-ce qui t’a poussée à franchir le pas et à venir exposer ?
Je suis venue avec ma meilleure amie et ma mère. C’était un vrai bonheur. La laine est un lien formidable entre les femmes. Les cercles de femmes, le partage du savoir, la convivialité, c’est quelque chose qui n’est plus acquis mais qui se cherche, qui se construit avec une volonté commune de création et de chaleur humaine.
J’ai ressenti tout cela là-bas. J’ai trouvé le cadre de toute beauté. C’est un endroit qui se prête parfaitement à l’échange sous toutes ses formes. La décision s’est imposée d’elle-même.

Pourrons-nous aussi voir quelques exemples de tes broderies (ta deuxième facette) ?
Il faut être honnête : je n’ai absolument plus le temps de broder des perles. Pourtant, je pense réellement finir par lier mes fibres au feutrage et à la broderie de perles... Mais le temps me manque encore cruellement. Je fais partie des militantes pour les journées de 72 heures !
En revanche, il n’est pas impossible que je propose quelques bijoux de cheveux qui mêlent feutrage, plumes et perles. Tout dépendra de ma capacité à proposer assez de tresses teintes pour assurer les deux jours du festival.

Où pourrons-nous nous procurer tes magnifiques créations ?
Avant le festival, j’ai pris la décision drastique de ne rien vendre. Je veux réellement proposer un large choix sur place. Ensuite, mes créations seront disponibles sur ma boutique internet. Je fonctionnerai plutôt sur la base de ventes ponctuelles. Ensuite, je suis toujours ouverte aux commandes si une fileuse a une envie précise…
J’aime également les échanges : il ne faut jamais hésiter à me solliciter par e-mail, sur Facebook ou sur mon blog. Malgré mon pseudo, je n’ai encore jamais mangé personne !
 
Merci beaucoup à Amayaga pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Si vous voulez voir son blog, c'est ICI



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