Claire des Bruyères, cardage, tissage, filage à la mode celte !


Une interview d'une exposante toute à tout, amoureuse de la jolie fibre !

Claire animera 2 ateliers lors du festival : un atelier sur la préparation des fibres avec un hackle (qui affiche complet!) et un atelier de tissage circulaire ! ... il reste 1 place pour l'atelier de tissage circulaire le samedi et quelques places le dimanche ! Plus de détails ici

Peux-tu te présenter et nous dévoiler le parcours qui t’as amenée à ton activité ?

Tout a commencé par des fêtes médiévales auxquelles je participais avec une troupe de reconstitution historique. J'ai pu y apprendre le tissage aux tablettes et ça a été le déclic ! Quelque chose de très fort s'est passé à ce moment-là : moi qui ne m'étais jamais considérée comme quelqu'un de créatif au sens classique du terme (dessin, peinture...), j'avais trouvé mon médium je crois ! J'ai donc continué à explorer différentes techniques anciennes, puis je me suis sentie un peu limitée et j'ai eu envie d'explorer des voies plus contemporaines et artistiques avec le tissage sur métier à peigne rigide (Knitters Loom, Rigid Heddle...). Puis j'ai eu envie de créer mes propres fils, et donc de me mettre à filer au fuseau puis au rouet... puis j'ai eu envie de préparer et mélanger mes fibres, et je me suis acheté une cardeuse, un hackle, une planche à mélanger, des peignes, de la teinture...
Je travaillais au début pour mes proches et moi-même, puis les commandes ont commencé à arriver. J'ai donc ouvert ma première boutique en ligne et participé à une première galerie ici, en Bretagne... Cela m'a donné confiance et j'ai continué : je travaille aujourd'hui au sein des ateliers de Louis à Brest, un collectif d'artistes et d'artisans. Nous partageons 300 m2 d'atelier et une galerie. C'est une expérience très enrichissante et inspirante ! Je suis très honorée d'y représenter les arts du fil au côté d'autres artisans.



Cardage, filage, tissage… tu as une activité très complète ! Comment organises-tu ton temps de travail pour réaliser tout ceci ?

J'ai la chance d'avoir de l'espace, tant chez moi que dans mon atelier, donc je ne perds pas de temps à sortir mes outils, tout ranger lorsque je dois m'arrêter, etc. J'essaye d'être aussi organisée que possible... Mais mon truc c'est qu'en fait, je n'arrête jamais ! J'ai toujours des projets en cours à différentes étapes d'avancement (teinture, préparation des fibres, tissage, tricot, crochet...) et selon l'envie et le temps dont je dispose, je passe de l'un à l'autre. J'ai aussi la chance d'avoir des outils nomades : métiers à tisser pliants (Knitters Loom d'Ashford et Dynamic Heddle de Majacraft) que je peux transporter quasiment partout, et rouet Little Gem de Majacraft.

Qu’est-ce qui donne son identité à ton travail ? Comment le définirais-tu ?

Mon imaginaire, je pense. Je suis très imprégnée des univers celtiques, féériques... et comme je vis au bord de l'océan, en Bretagne, cela influence énormément mon travail aussi : les couleurs, les lumières, les changements de temps permanents, la végétation, les saisons... Et les légendes bien sûr ! En fait, je nomme chacune de mes créations, que ce soit un mélange de fibres, un fil, un tissage... Toutes sont uniques et je souhaite qu'elles racontent une histoire et apportent un peu de magie à celui qui le reçoit.


Pour le cardage, peux-tu nous dire comment tu sélectionnes tes matières ? As-tu un outil favori (j’ai vu que tu étais très bien équipée…) ?

Je sélectionne des matières naturelles (à l'exception d'une touche de « kibrille » parfois pour réveiller un mélange.) dont je connais la provenance autant que possible. J'ai un coup de cœur particulier pour le Gotland, le Wensleydale, l'alpaga, le Blue Faced Leicester... et la soie. J'en mets partout, et beaucoup ! Je ne suis pas fan du mérinos par contre, sauf le Macomérinos bien sûr ! Je teins aussi mes fibres avec les teintures Greener Shades et je suis actuellement une formation à distance avec Natalie Redding à ce sujet. Mais j'adore mélanger les fibres, je préfère même le mélange à la teinture pour tout dire ! J'ai une cardeuse, un hackle, une planche à mélanger, une paire de peignes... Avec une prédilection pour les deux premiers.

Lorsque tu prépares une nappe, as-tu déjà en tête le résultat que tu souhaites obtenir ensuite lors du filage ou te laisses-tu guider par la matière ou la couleur ?

Je compose d'énormes palettes qui recouvrent une bonne partie de ma table, et je pioche dedans : je vois tout de suite ce qui m'attire l'œil, ce qui résonne, se complète, se réveille, ce que je vais laisser de côté... En fait, je commence avec une palette de couleurs et de matières aussi variée que possible, avec des fibres teintes par moi ou non, et je construis mon mélange au fur et à mesure. Je n'ai pas forcément en tête le résultat filé, j'essaye plutôt de jouer avec les qualités de chaque fibre (douceur, moelleux, gonflant, texture, brillance...) pour composer mon mélange et laisser parler mon imaginaire, les images ou les idées qui me viennent.

Et justement, tu vends certaines nappes mais tu en files d’autres… Comment choisis-tu celles que tu vas filer ?

Certaines me « parlent » très fortement et je les prépare vraiment pour un projet que j'ai en tête. Je vois l'histoire que je peux filer et tisser avec.
J'aime aussi beaucoup filer et tisser avec des fibres préparées et teintes par d'autres, j'ai ainsi davantage de surprises que si je les ai préparées moi-même.
Finalement, quand j'y réfléchis, je garde mes nappes si j'ai vraiment une idée derrière la tête, sinon je les créé en sachant qu'elles vont aller vers d'autres fileuses et j'aime beaucoup cette idée aussi.

Sur ton site, on peut voir que tu utilises le rouet et le fuseau pour filer. Comment choisis-tu l’outil qui te semble le mieux convenir ?

Je file une énorme majorité de mes fibres au rouet, mais je reste néanmoins très attachée à mes fuseaux... C'est un objet si simple et beau, tellement efficace et ingénieux, si ancien... J'aime filer très fin au fuseau, prendre le temps de filer des petits fils précieux pour des projets particuliers qui ne nécessitent pas de grands métrages.

Beaucoup de fileuses étant passé au rouet ne reviennent jamais au fuseau. Comment expliques-tu que tu continues de filer au fuseau ?

J'adore filer au rouet pour les sensations que cela procure, la plus grande liberté des gestes et la rapidité par rapport au fuseau... Mais justement, quand la vie s'accélère, j'éprouve aussi le besoin d'aller à contre-courant en attrapant un joli fuseau et en prenant mon temps ! Ce sont donc des gestes et approches différents pour moi. J'aime aussi filer au fuseau en marchant et emmener mes projets encore plus facilement avec moi qu’avec mon rouet.

Quels types de fils préfères-tu réaliser ? Des fils fantaisie irréguliers ? Des fils ronds et réguliers ? Des fils dentelle ?

Tout ! Selon ce que m'inspire le mélange ou la fibre, vraiment tout, du plus irrégulier et dodu au plus fin possible puisque je me suis mise à filer des fils dentelle il y a quelques mois. Je suis convaincue qu'il ne faut pas se cantonner à un style ou une technique mais, au contraire, que plus on connaît la fibre, plus on maîtrise de techniques, plus on est libre d'exprimer sa créativité et d'amener la fibre à sa plus belle expression.

L’univers celtique semble être une source d’inspiration très forte pour toi. Est-ce ce qui t’a amenée au tissage ? Comment exprimes-tu ce goût pour le monde celte dans ton travail ?

Je ne suis pas arrivée au tissage par le monde celtique comme je le disais plus haut, mais plutôt par le monde médiéval. Par contre, c'est effectivement une source d'inspiration très forte. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fascinée par les paysages celtiques, par cette musique, cette mythologie, ces légendes... Ainsi que par la Scandinavie ou la nature et le monde sauvage en général. Tantôt c'est une légende, un personnage ou un paysage qui inspire une création, et tantôt une création une fois terminée me fait tellement penser à tel ou tel aspect que le nom devient évident !

Tu pratiques aussi bien le tissage « à plat » que le tissage circulaire. Peux-tu nous donner des exemples de réalisations avec les deux techniques ?

Voici quelques photos de tissages aussi bien classiques sur un métier à peigne rigide type Knitters Loom ou Rigid Heddle (écharpes Chrysocolle et Cascade), ou de tissages plus fantaisie sur le Dynamic Heddle de Majacraft (écharpes Océan et Vintage Bride).



Et enfin, des exemples de tissage circulaire, une technique que j'apprécie particulièrement tant je la trouve méditative, créative et relaxante... Elle est aussi parfaite pour marier les filés-mains, avec plein de petits fils précieux et de fins de fils... Encore une histoire de palettes !



Peux-tu nous expliquer comment tu choisis de tisser tel fil à plat et tel autre en circulaire ?

Je ne choisis pas ! Je fais souvent les deux ! Je commence souvent par un grand tissage, puis j'utilise toutes les petites fins de fils pour un tissage circulaire.


Au festival, pourrons-nous voir toute la gamme de tes réalisations ?

Oui, je vais emmener le plus de choses possible !

Tu animeras des ateliers (tissage circulaire et mélange de fibres) mais pourrons-nous aussi te voir travailler sur ton stand ?

Je pense oui, mais j'ai aussi bien conscience que ces deux jours vont passer très vite et j'ai aussi envie de passer du temps avec toutes les personnes que je vais rencontrer…

Merci Magalie pour la réalisation de l'interview

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