Qui vient ? L'atelier du Chat Noir : rêves de filage et filages de rêve ...
Bonjour Christie, qu’est-ce qui t’a conduit à créer l’Atelier du Chat Noir ? Parle-nous un peu de ton parcours :
J’ai un parcours assez classique. Après des études secondaires d’Arts Plastiques, j’ai étudié l’Histoire et l’Archéologie à l’Université, puis j’ai changé de cap en me remettant le nez dans la „terre” avec une formation en agriculture biologique.
Les années ont passées, tantôt tranquilles, tantôt chaotiques...
Alors que je cherchais désespérément des fils à mettre sous les pointes de mes aiguilles à tricoter, j’ai découvert l’univers du filage sur internet, en tombant par hasard sur le site de Laine Zinzin. Cela a été un véritable coup de coeur, une révélation, un cataclysme !!! A l’époque je n’imaginais pas combien le précieux petit paquet de Laurence, la créatrice de Laine Zinzin, allait bouleverser ma vie.
Quelle est ton histoire avec la laine ? Est-ce que tu es..."tombée dedans" quand tu étais petite ?
Mon histoire avec la laine est... fusionnelle ! C’est une évidence !
Depuis toujours je papouille des laines. J’ai eu la chance de grandir avec des parents tricoteurs (ma mère ET mon père tricotaient) et une grand mère “grande adoratrice du granny square”... Je me souviens quand j’étais petite, ma mère prenait la voiture et nous faisions une expédition une fois par an, direction la filature Plassard. Maman remplissait le coffre de son break d’une montagne d’écheveaux et tricotait tous les pulls pour mes frères, mes soeurs et moi. Je me suis pour ma part mise au tricot à vingt ans et j’ai dès le départ chercher à tricoter des fils naturels. Je déteste les matières synthétiques, mais il y a quelques années, c’était un vrai parcours du combattant pour trouver de la “vraie” laine.
J’ai eu aussi la chance d’être en contact avec les moutons assez tôt puisque mon père était berger : je passais donc une partie de mes vacances d’été à gambader derrière les moutons.
Tes écheveaux et tes fibres à filer sont vivants, de par leurs couleurs et de par la matière utilisée, bien sûr. Est-ce un reflet de ce que tu veux transmettre ?
La laine est une matière exceptionnelle. Elle a son histoire, une particularité qui est propre à chaque race mais aussi à chaque animal. Chacun de mes écheveaux ou de mes nappes de fibres est le fruit d’un mariage entre les matières mais aussi les couleurs que j’affectionne. Ils sont le prolongement de ce que je suis. Et j’essaie de transmettre tout ceci au travers des photos des matières et des fils que je vous présente.
Tu travailles en ce moment sur une série Le tour du monde en 80 laines. Comment est né ce projet ?
Le Tour du Monde en 80 laines... c’est un projet un peu fou qui est né il y a une année maintenant. Je suis une fan inconditionnelle de Jules Verne. J’ai grandi l’esprit vagabondant au fil de ses récits fantastiques. Et tout comme son Tour du Monde en 80 jours, j’ai eu l’idée de faire un voyage imaginaire au travers de mes laines. Les personnes qui suivent ma page FB ont accepté de jouer le jeu (merci à toutes et tous <3), ma famille aussi a collaboré et j’ai eu mes 80 étapes grâce à vous.
Mais cela va bien au-delà d’un simple écheveau finalement. C’est un travail au long cours (et j’aime beaucoup ce type de projet sur le long terme), et j’essaie à chaque fois de “coller” de la manière qui me semble le plus approprié aux destinations. C’est en amont un gros travail de recherche et puis il me faut trouver l’image qui sera la base de mon travail de la fibre. Enfin, la photo et le fil ne doivent faire plus qu’un, c’est du moins mon objectif ultime.
Pour ce gros projet, j’ai fait appel à quelques fileuses dont j’aime beaucoup le travail et leur ai proposé de réaliser des nappes de fibres sur des thèmes qui leur était cher : Claire des Bruyères a eu en charge la Bretagne et le Québec, Michelle (Wooldancer) a réalisé les fibres sur le bush australien, Sayra (Atomic Blue) m’a cardé des fibres démentielles pour trois étapes, dont deux seulement sont réalisées à ce jour : la Nouvelle Orléans et le Grand Canyon, Naomi (Knottynaomi) m’a fait découvrir Hawaii, Christine (Utopik Baz’Art) le tieuboudienne, un plat national sénégalais. Quelqu’unes viendront encore mettre leur grain de sel à ce voyage...
J’ai aujourd’hui parcouru une bonne moitié de ce périple et j’ai déjà en carton la suite, car je souhaite continuer à travailler sur une thématique bien précise. Vous découvrirez cela en septembre prochain.
Pour terminer sur le Tour du Monde, la dernière étape dont le thème est “La Tour de Babel”, sera un écheveau crée de toute pièce avec ce vous aurez eu la gentillesse de me faire parvenir. Chacun, chacune peut apporter une petite pierre à cet édifice. J’ai reçu des petites enveloppes du monde entier. C’est génial ! Je déposerai sur mon stand au festival, “une boite à Babel” dans laquelle vous pourrez déposer des bricoles si vous souhaitez participer. Il sera ensuite exposé dans mon atelier ou bien offert par tirage au sort, je ne sais pas encore ce que je ferai de ce fil un peu spécial.
Tu ne vends pas uniquement tes laines, tu élèves aussi des brebis, tu files toi-même et tu veilles à la provenance des laines que tu proposes. Comment s’est imposé à toi cette façon de travailler ?
Elever des brebis quand on file est pour moi une évidence. J’ai la chance d’avoir un cadre de vie qui me permet d’avoir des animaux, donc les brebis se sont rapidement imposées. J’aime beaucoup ce travail de l’animal jusqu’au fil. J’essaie dans la mesure du possible de proposer des fibres en connaissant leur provenance (c’est plus difficile lorsqu’il s’agit de rubans de fibres).
En plus des toisons de mes brebis, j’achète des petites merveilles chez des éleveurs. Toutes les fibres sont lavées à l’eau de pluie ou à l’eau de source, que je vais chercher au lavoir de mon village, et teintes avec des teintures écologiques (un peu de teintures végétales parfois mais comme je ne suis pas d’une grande patience, je trouve les processus affreusement longs!!!!). Avoir le plus petit impact que possible sur l’environnement me parait normal.
Tu donnes aussi des cours de filage. Est-ce que filer et apprendre à d’autres à filer, c’est réapprendre qu'un beau travail demande certes temps et savoir faire, mais est aussi la source d’un réel sentiment d'accomplissement ?
Le filage, le tricot et tous les travaux d’aiguilles sont rangés dans la catégorie des “travaux manuels” alors qu’il y a des fileuses, des feutrières, des tricoteuses qui sont de véritables artistes à mon sens.
Partager avec celles qui souhaitent venir souvent de très loin découvrir ou redécouvrir l’univers du filage est un enchantement. Ce sont des moments de partage et de complicité très forts, qui donnent parfois naissance à de belles amitiés et ne sont jamais exempt de jolis fous rires.
Créer un fil, c’est prendre le temps de travailler sur les matières brutes, les mettre en couleurs, les préparer et puis les transformer en fil. Quelle joie de voir l’émerveillement dans les yeux pétillants des filles (oui, pour l’instant, je transmet à des filles...le fil est une histoire de filles manifestement) quand elles réalisent leur tout premier fil! C’est très chouette comme moment.
Tu as créé ton activité il y a maintenant plusieurs années. Comment a-t-elle évoluée au fil du temps ?
Comme pour toute activité, il y a un long cheminement. Mes fils et mes nappes du début ne ressemblent pas du tout à ce que je fais aujourd’hui. Je travaille davantage sur la couleur et sur les fibres brutes qu’auparavant. J’expérimente... encore et encore!
Tu reviens cette année pour la troisième fois au Lot et la Laine. Qu’est-ce qui t’attire vers l’écomusée de Cuzals ?
J’aime en premier lieu l’endroit parce qu’il est sauvage, perdu au milieu de nulle part. C’est un peu comme chez moi, je vis perchée sur une montagne sans âme qui vive à des kilomètres !
Et puis il y a l’évènement. C’est génial de se retrouver dans un cadre aussi enchanteur pour papouiller de la laine non?
Le festival prend de l’ampleur, et ce qui était sans doute une idée un peu folle entre Myrtille et ses copines, devient peu à peu une référence en matière d’événement laineux. Souhaitons lui une belle et très longue vie !
Que prépares-tu pour le festival cette année ?
Ahaaah... Mystère et boule de gomme! Je prépare cet événement depuis... septembre dernier.
Deux ateliers de cardage sont prévus, un le samedi et un le dimanche, et les deux sont déjà complets.
Côté écheveaux et fibres, je teste deux ou trois petites choses et si cela est concluant il y aura des nouveautés pour les croqueuses de fibres au festival. Mais je n’en dis pas plus, je suis en phase d’essai... A suivre...
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